ABE KOBO

ABE KOBO
ABE KOBO

ABE K 牢B 牢 (1924-1993)

Fils aîné d’un professeur de médecine à l’université de Moukden, né à T 拏ky 拏, Abe K 拏b 拏 passe toutefois en Mandchourie ses années d’enfance et d’adolescence jusqu’en 1943. Cette période de formation, vécue sur un sol étranger, explique sans doute l’image fréquente dans son œuvre du sable et du désert, urbain ou naturel; elle est peut-être aussi à l’origine du caractère irréel du Japon et de sa culture, reçus par le truchement des manuels scolaires dans un pays géographiquement et culturellement autre. La quête incessante d’une patrie et d’une identité, le sentiment d’étrangeté ou d’exclusion qui caractérisent ses personnages trouvent également leur source dans la perte des paysages de l’enfance, après 1945, et le retour dans un Japon défait et inconnu. Il abandonne en 1948 les études de médecine entreprises à l’université de T 拏ky 拏 et, dans une misère noire, se consacre à la littérature. Ses modèles sont surtout occidentaux: Rilke et Edgar Poe, puis Kafka, l’existentialisme et le surréalisme.

Son roman Le Mur. Le crime de S. Karuma (1951) obtient le prix Akutagawa. À la même époque il s’inscrit au Parti communiste, publie régulièrement des nouvelles et des romans et, en 1956, est invité à Prague par l’Union des écrivains tchèques. Son roman de science-fiction Inter Ice Age 4 (1958) traduit en un mouvement qui caractérise toute son œuvre — la rigueur scientifique prend l’insolite pour point de départ — l’angoisse du présent aux prises avec le futur.

Il connaît une consécration internationale à partir de 1962 grâce à La Femme des sables ; le film du même nom, dont il écrit le scénario, est primé en 1964 au festival de Cannes. À la même époque, il est exclu du Parti communiste pour déviation trotskiste.

Il poursuit parallèlement une carrière de romancier et d’homme de théâtre. Ses romans traduits à l’étranger, La Face d’un autre (1967), Le Plan déchiqueté (1967), L’Homme-boîte (1973), Rendez-vous secret (1977), ou sa pièce Friends (1967) — jouée à Paris en 1981 sous le titre Nos Merveilleux Amis — témoignent, même si les sujets diffèrent, d’une grande constance dans la thématique et dans l’écriture. Ses personnages sont le plus souvent en fuite ou à la recherche d’un fuyard, mais si grande est la fascination qu’exerce le fuyard que parfois le chasseur s’évanouit à son tour à la fin du récit. La fuite, à première vue, peut surprendre car ces personnages sont solidement ancrés dans une vie familiale et professionnelle, mais le rejet d’un confort, construit sur l’aliénation et l’absence de communication authentique avec les autres, les métamorphose lentement: le mouvement incessant du monologue intérieur, les marches toujours recommencées dans les couloirs d’hôpitaux, dans les rues de la métropole ou de sa banlieue rythment cette métamorphose. L’espace est circulaire et labyrinthique tant par le caractère obsessionnel des fantasmes que par le retour fréquent à certains lieux clés à la fois réels et mythiques. Cette fuite n’exclut pas toutefois la poursuite obscure d’un but: la trajectoire est relativement claire pour le protagoniste de La Femme des sables qui trouve, au terme du récit, une réelle communication avec la femme, avec le travail et au sein de la communauté sociale. Dans les romans postérieurs, il semble que le dynamisme de la fuite et de la quête, même inassouvie, soit en lui-même une attitude positive. L’écriture, qui unit, selon un mode tout à fait étranger à la tradition japonaise, la sécheresse scientifique du compte rendu aux métaphores souvent surréalistes témoigne nettement de l’unité brisée: les distorsions chronologiques que le narrateur fait subir au récit, le jeu ambigu sur les noms propres, sur les initiales ou sur le pronom personnel je , souvent dédoublé et peu fiable, favorisent les constructions en miroir et les substitutions de personnalité. Mais l’acte même d’écrire, matériellement inscrit dans les romans par le procédé du collage — matériaux pseudo-objectifs, journaux intimes, carnets ou lettres incorporés à la narration — semble jouer le rôle d’une autoanalyse qui libère le narrateur et lui permet d’offrir les méandres de sa quête au regard d’un Autre, réel ou potentiel.

Abe Kôbô
(1924 - 1993) romancier japonais: les Murs (1951), la Femme des sables (1962), l'Homme-boîte (1973). Théâtre: les Amis (1967).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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